Intervention de Pervenche Berès le 5 avril 2011 lors du débat de plénière sur les conclusions du Conseil européen des 24-25 mars 2011

Madame la Présidente, Messieurs les Présidents, après cette crise, dans la compétition mondiale, quelle est la meilleure arme de l’Union européenne? Vous l’avez définie vous-mêmes: la stratégie pour l’Union européenne 2020.

Or, lorsque je regarde ce que vous faites en matière de gouvernance économique, j’ai l’impression qu’il y a là une contradiction absolue. Car si l’on regarde le pacte de stabilité, la gouvernance économique, vous êtes en train de passer d’une stratégie de coordination à une stratégie de surveillance, qui se traduit par la transformation d’un consensus de Washington en un consensus de Bruxelles. Lorsque vous parlez de réformes structurelles, vous parlez de baisse des salaires, d’augmentation de l’âge de la retraite.

Moi, je vais vous parler des vraies réformes structurelles dont nous avons besoin. C’est d’investissements publics, d’abord dans l’éducation. Savez-vous que, pendant toute la période de la stratégie de Lisbonne, la moitié des États membres ont diminué le budget qu’ils ont consacré à l’éducation? Est-ce que vous les avez sanctionnés pour cela? Est-ce que vous savez que l’Union européenne ne mettra jamais en œuvre cette stratégie 2020 si nous ne mutualisons pas les investissements pour l’avenir, si, lorsque vous évaluez les dépenses publiques des États membres, les seules dépenses que vous regardez avec un œil différent, où vous intégrez du qualitatif, c’est lorsque les États membres mettent en place des réformes des retraites par capitalisation, alors que vous ignorez ceux qui seraient conduits à faire des efforts en matière d’éducation?

Lorsque je regarde la situation en Irlande aujourd’hui, une chose me frappe. Jour après jour, vous décidez de sauver des banques et, pendant ce temps-là, les Irlandais s’en vont. Ce n’est pas l’Union européenne que nous voulons. Moi, je préfère que nous sauvions les citoyens irlandais plutôt que leurs banques. Et puis, pour sauver les banques, vous avez inventé des stress tests. Alors maintenant, j’ai l’impression qu’à chaque fois qu’il y a une difficulté, on met en place des stress tests. Ce sont les nouveaux comités Théodule. Stress test pour le nucléaire, stress test pour les banques, stress test pour la Commission, peut-être, demain. Peut-être que nous le proposerons. Mais moi, je préférerais avoir une Commission qui prenne l’initiative et qui soit là où elle doit être.

Lorsque je regarde les avis de la Banque centrale européenne aujourd’hui, j’ai l’impression qu’elle se préoccupe plus de ce qui n’est pas dans son mandat, à savoir du niveau des salaires, plutôt que de la viabilité de notre système bancaire et de son efficacité au service de l’investissement public dont nous avons besoin. Ce Parlement européen a mis sur la table des propositions dont vous refusez de tenir compte sur la taxation des transactions financières ou sur les eurobonds.

Messieurs les Présidents, il est temps que vous écoutiez les propositions qui viennent de ce Parlement européen pour réussir la stratégie que vous avez vous-mêmes adoptée.