En 1970 le rapport Werner soulignait qu’au sein de l’union monétaire à venir, les budgets nationaux devraient être décidés au niveau communautaire. A peine plus tard, en 1977, le rapport MacDougall suggérait qu’une union monétaire nécessiterait a minima un budget de 5 à 7% du PIB de manière à pouvoir amortir les chocs économiques et que l’absence d’un mécanisme substantiel de compensation pour les finances publiques pouvait constituer un frein considérable à l’intégration communautaire.
Il faut constater avec amertume, presque 50 ans plus tard, que bien que le monde politico-économico-académique se soit en majorité rangé à l’avis de ces deux éminents experts, rien ou presque rien de concret n’a été mis en œuvre pour créer cet instrument contracyclique, et ce malgré les déclarations optimistes et les travaux entamés dans les institutions.
Toujours ce blocage, toujours cette priorité, cette appétence et cette capacité des dirigeants européens à coordonner la réduction des risques et à bloquer sur leur partage.
Dix ans après la crise financière, puis la crise de la dette grecque, la zone euro a bien revu son système financier, mais l’idée un budget dédié a, elle, été abandonnée, ou tout du moins tellement revue à la baisse qu’il est impensable à l’heure actuelle que le Parlement emprunte le chemin réducteur que l’on voudrait dans certaines capitales lui voir prendre.
Avec mon nouveau co-rapporteur, Jean Arthuis, nous avons donc décidé de laisser à nos successeurs en héritage la poursuite de cet indispensable projet, en refusant de se laisser enfermer dans un vote dont le résultat aurait renvoyé en miroir et en étau la logique comptable appliquée aux politiques budgétaires européennes.
A ceux qui viendront après nous de faire germer la graine…