Face au Brexit, les 27 ont parlé d’une voix grâce à la méthode communautaire

On a beaucoup dit que la méthode communautaire n’était pas adaptée aux périodes de crise, d’inconnu…

Or force est de constater que face aux errements britanniques, les 27 sont unis, clairs dans leurs réponses aux lignes rouges de ceux qui disent vouloir partir et sur ce que cela signifie d’être ou non membre de l’Union européenne.

Pourtant, cela n’était pas gagné d’avance tant dans les semaines qui ont suivi le referendum on avait pu observer des divergences d’appréciation quant à la nature, la méthode ou le calendrier de la négociation à engager ou quant à son issue souhaitable, y compris entre la France et l’Allemagne.

Finalement c’est le leadership exercé par la Commission, sous l’autorité de son négociateur, qui permet aux 27 de mettre le Royaume-Uni face à ses choix, faisant au passage la démonstration de l’excellence de la méthode communautaire, y compris dans sa dimension parlementaire ; le Parlement européen, étroitement associé à la négociation par son groupe de pilotage, a été pressant par le vote de résolutions à chaque étape significative du processus.

En vérité, ce succès est dû au fait que la Commission, contrairement à ce qu’elle fait dorénavant trop souvent, a pleinement exercé sa capacité d’initiative au bon moment. L’inspiration du président de la Commission, en l’occurrence celle d’installer très vite le négociateur au cœur du dispositif de la Commission en lui permettant de s’appuyer sur l’institution et son expertise aura fait la différence.

Certains objecteront que cela était normal car on était dans le domaine d’expertise de la Commission puisque le cœur de la négociation se jouerait autour d’enjeu de marché intérieur. Qui pourrait sérieusement prétendre cela alors que le sort de 3 millions d’Européens vivant au Royaume-Uni est en jeu et que l’accord bute sur la question de la frontière irlandaise ?

Le Brexit démontre si besoin en était que quand les Etats-membres parviennent à clairement définir leurs priorités et acceptent de se ranger derrière la méthode communautaire, que l’Union parle d’une seule voix, l’Europe est forte.

Le Brexit aurait pu voir l’Union se détricoter, et ouvrir la porte à l’’Europe à la carte. Nous avons été en capacité de réagir, unis, pour ne pas céder de terrain, pour affirmer que Brexit is Brexit, out is out et in is in et que si les partants préféraient au bout de l’exercice un divorce sans accord, il en irait de leur responsabilité. Rien de moins, rien de plus. Maintenant, les choses sont clairement sur la table, la décision finale et ses modalités, nouveau vote, nouveau referendum… appartiennent aux Britanniques.

En attendant, puissent les Européens avoir redécouvert les vertus de la méthode communautaire…

Bonne année 2019 !