La Chancelière Angela Merkel saura-t-elle fendre l’armure ?

A Strasbourg, dans l’hémicycle européen, le débat était à l’heure allemande. Avec sobriété, et sans effet de manches, la Chancelière Angela Merkel est venue livrer sa vision du futur de l’Europe. Comme dans un débat de politique intérieure qui aurait pu avoir eu lieu au Bundestag, les eurosceptiques lui ont reproché d’avoir manifesté trop de solidarité envers les réfugiés, et nous, à gauche, trop peu de solidarité avec la Grèce et une inclinaison très marquée pour l’austérité.

Peu de propositions dans son allocution, à part la création d’une armée européenne qui continue à faire débat dans son pays. Mais sur les moyens de consolider l’Union économique et monétaire, y compris à la veille du Brexit, elle aura défendu une position assez convenue même si elle a réaffirmé le besoin de solidarité tout au long de son discours et fermement dénoncé le nationalisme égoïste.

Après 13 ans d’exercice du pouvoir au plus haut niveau et au regard des difficultés qui l’amènent in fine à y renoncer, on a envie de lui demander si elle ne regrette pas d’avoir trop souvent agit trop peu trop tard, de n’avoir pas dit aux Allemands qu’ils étaient les grands bénéficiaires d’une Union de transferts plutôt que de laisser se développer un discours contre l’Union de transferts et l’aléa moral. Elle a pourtant maintenant les mains libres pour oser jeter les bases de ce grand compromis franco-allemand dont la démocratie européenne a tant besoin, pour être, non pas la grande modératrice, mais la leader. Rendez-vous en décembre.