La zone euro ne doit pas être prise en otage par des apprentis sorciers

Mardi 4 avril 2017

Intervention en séance plénière dans le cadre du débat sur l’état d’avancement du deuxième réexamen du programme d’ajustement économique de la Grèce

Pervenche Berès (S&D). – Monsieur le Président, Monsieur le Commissaire, il y a deux mois très exactement, nous avions dans cet hémicycle le même débat au cours duquel vous annonciez de bonnes prévisions et de bons résultats pour la Grèce. Nous avions l’impression qu’il n’y avait plus aucun motif de blocage au Conseil ou à l’Eurogroupe. Depuis, rien n’avance.

On cite parfois dans cet hémicycle le nom de M. Dijsselbloem, mais on oublie sans doute de citer M. Schäuble ou leurs complices, ces messieurs et cette dame du FMI. Car, en réalité, nous avons l’impression qu’à force de ne pas vouloir créer d’aléa moral, ce sont ceux qui dénoncent cet aléa moral qui sont en train d’en créer en Grèce, produisant ici le miracle de réunir toute la classe politique grecque, contrairement à ce qui se passe dans le pays, contre cette politique d’austérité d’abord voulue par M. Schäuble pour des raisons, me semble-t-il, qui n’ont à voir ni avec la Grèce, ni avec la zone euro, ni avec l’Union européenne, mais simplement avec un calendrier électoral en Allemagne.

Or je ne pense pas que l’économie de la zone euro puisse être ainsi prise en otage par quelqu’un qui joue à l’apprenti sorcier ou qui est en train de mettre en place une stratégie de prophétie autoréalisatrice. Car comment reprocher à M. Tsipras de rappeler à ses partenaires qu’ils ont pris des engagements au sujet de la dette lorsque ces derniers, au vu des résultats qui sont à la hauteur de ce qui était attendu de son pays, lui demandent de doubler la mise et d’aggraver encore la situation des retraités?

Vendredi dernier, il me semblait que tout était en ordre et qu’un accord était possible. Or, aujourd’hui, on voit que la perspective d’un accord et d’une conclusion du réexamen du programme au prochain Eurogroupe, ce vendredi, est quasiment bouchée. Cela est dangereux. Nous avons besoin – et nous nous répétons – de donner à la Grèce des sources de confiance. C’est nécessaire pour la Grèce, mais aussi pour la zone euro et pour l’Union européenne, car cette situation fragilise l’ensemble de l’équilibre.

Schäuble doit d’urgence cesser ses manœuvres à l’Eurogroupe, qui consistent simplement à importer dans la zone euro des débats de politique intérieure allemande.

(L’oratrice accepte de répondre à une question «carton bleu» (article 162, paragraphe 8, du règlement))

Paul Rübig (PPE), Frage nach dem Verfahren der „blauen Karte“. – Herr Präsident! Die Frau Kollegin Berès ist eine ausgesprochene Wirtschaftsexpertin. Ich möchte Sie fragen: Wie, glauben Sie, können wir es schaffen, dass in Griechenland wieder mehr investiert wird, dass damit auch neue Arbeitsplätze entstehen und dass Griechenland vor allem auch konkurrenzfähiger wird, um im Export das zu erwirtschaften, was man zu Hause für den Konsum braucht ?

Paul Rübig (PPE), procédure de carte bleue. – Monsieur le Président ! Notre collègue, Madame Berès, est une experte reconnue en économie. Je souhaiterais lui demander : comment, croyez-vous, que nous puissions faire en sorte que plus d’argent soit investi en Grèce afin que de nouveaux emplois soient créés et afin surtout que la Grèce devienne plus compétitive pour générer les exportations nécessaires à la vie quotidienne (littéralement « dont nous avons besoin à la maison/au foyer » mais puisque je ne connais pas le contexte, je te laisse aviser)

 

Pervenche Berès (S&D), réponse « carton bleu ». – Cher collègue, c’est bien tout l’enjeu de la discussion que nous avons maintenant depuis des mois et, à tout le moins, depuis que la Commission a mis sur la table les nouveaux résultats de la Grèce.

Comment voulez-vous que des investisseurs aient envie de retourner dans ce pays alors que le réexamen du programme n’est pas terminé? Cela veut dire que les partenaires n’accordent pas à ce pays le crédit nécessaire pour pouvoir redémarrer. Or, tout ce dont ce pays a besoin, c’est d’un signe montrant que ceux qui ont conclu avec M. Tsipras et son gouvernement un mémorandum pour redresser la situation prennent acte des efforts accomplis, de la réalité des résultats et de l’opportunité pour les investisseurs étrangers de réinvestir dans le pays pour faire redémarrer l’économie.